"Mozambique: TotalEnergies veut relancer son projet gazier, les ONG font pression", 17 novembre 2023

« Nous (…) vous écrivons pour vous demander instamment de vous retirer du projet gazier de TotalEnergies Mozambique LNG », enjoignent plus de 120 organisations de la société civile dans une lettre envoyée à 28 banques et agences de crédits. Dans ce courrier, les organisations interpellent ces organismes : « En tant que soutien financier essentiel pour le projet, vous portez une responsabilité directe et importante dans ses graves impacts. » 

Le projet Mozambique LNG prévoit la production de plus de 13 millions de tonnes de gaz liquéfié par an. Ceci pour un coût total de 20 milliards de dollars. En 2020, l’entreprise française annonçait avoir signé un accord de financement externe d’un montant de près de 15 milliards de dollars...

Mais en mars 2021, les rebelles islamistes d’Al-Shabab prennent la ville de Palma à proximité du site de TotalEnergies. Les combats durent plusieurs jours faisant de très nombreuses victimes, et contraint l’entreprise française à stopper ses activités. Une plainte au pénal a été déposée en octobre contre TotalEnergies pour « homicide involontaire et non-assistance à personne en danger ». L’entreprise rejette fermement ces accusations, mettant en avant « l’aide d’urgence que les équipes de Mozambique LNG ont apportée ».

Quelques mois plus tard, les autorités annoncent avoir repris le contrôle de la zone. Depuis, l’entreprise et Maputo multiplient les initiatives pour pouvoir assurer une reprise du projet. TotalEnergies ne confirme pas de date mais l’objectif de l’entreprise est un redémarrage pour la fin de l’année...La question humanitaire figure également parmi les points scrutés...

Mais pour les ONG signataires de la lettre, l’analyse est toute autre. Si elles concèdent une amélioration générale, elles soulignent cependant la dangerosité et l’instabilité persistante dans la région. « Les forces de sécurité ne parviennent toujours pas à sécuriser des zones entières où les insurgés restent présents et actifs », affirment-elles citant différents rapports. De plus, « les insurgés prennent pour cible le gouvernement mozambicain, dont les intérêts sont très liés à ceux de TotalEnergies », argumentent-elles. Le projet risque donc selon elles « d’alimenter » l’insécurité. Dans ce courrier, les organisations dénoncent également les « impacts humanitaires et sociaux » ainsi que climatiques du projet. Par ailleurs « rien ne prouve que les recettes potentielles de Mozambique LNG se répercuteront sur la population », soulignent-elles encore.  

Des alertes répétées des organisations de la société civile que n’entend pas le gouvernement mozambicain...