Antonio Guterres: «L’humanité a le choix, coopérer ou périr»
"L’humanité a le choix : coopérer ou périr. C’est soit un Pacte de solidarité climatique, soit un Pacte de suicide collectif" a prévenu le chef de l’ONU Antonio Guterres, lançant un appel à suivre son Pacte, dans un discours particulièrement alarmant face au parterre de chefs d’État. Ces derniers temps, le secrétaire général de l’ONU multiplie les déclarations d’une rare intensité de la part d’un chef des Nations unies...
♦ Après une journée consacrée au passage de flambeau entre les COP britannique et égyptienne, la COP s'est réellement ouverte ce lundi avec un sommet de deux jours des chefs d’État. Les effets et les annonces ont été particulièrement scrutés, dans un contexte géopolitique et économique des plus tendus et un réchauffement climatique qui dévaste de larges pans de pays, partout dans le monde.
♦ « Le monde est devenu une terre de souffrance. N’est-il pas venu le temps de mettre un terme à ces souffrances ? Ce dont le monde a besoin dépasse de loin les paroles ». Abdel Fattah al-Sissi, président du pays hôte de la COP, a ouvert le bal des déclarations institutionnelles. « Les peuples nous regardent et s’attendent à la réalisation rapide, prompte et réelle pour réduire les émissions, renforcer les capacités […], garantir le financement nécessaire » à l’adaptation, a-t-il rappelé. Il enjoint ses homologues à « un sommet de la réalisation » : « Le changement climatique ne s’arrêtera jamais sans notre intervention. »
♦ Antonio Guterres a pris la suite pour avertir sur « le défi central de notre siècle ». « Notre planète arrive à un point de bascule » : « nous sommes sur une autoroute vers l’enfer avec le pied sur l’accélérateur », a-t-il tonné. « La guerre en Ukraine, le conflit au Sahel, la violence et les arrestations dans tant d’endroit du monde sont des fléaux terribles pour notre monde. Mais le changement climatique se place sur une autre temporalité, sur une autre échelle. » « L’activité humaine est la cause du problème climatique ; l’action humaine doit être la solution », a-t-il affirmé. Pour cela, Antonio Guterres a lancé « un appel à un Pacte historique entre les pays développés et les économies émergentes, un Pacte de la solidarité climatique », dans lequel États-Unis et Chine endossent une « responsabilité spéciale » dans sa réalisation. Plus largement, « les pays du G20 doivent accélérer leur transition énergétique », a-t-il commandé, alors que ces mêmes États, les plus industrialisés du monde, à l’origine de 80% des émissions de gaz à effets de serre, se retrouveront en Indonésie dès la fin de cette COP. « La moitié de la finance climatique doit être consacrée à l’adaptation », a-t-il encore demandé, car les besoins vont « dépasser les 300 milliards de dollars par an ». Pour cela, « les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement doivent changer leur business modèle pour mobiliser davantage la finance privée et investir massivement dans l’action climatique ». Une proposition de réforme de fond du système financier international qui fait écho à l’agenda de Bridgetown lancé récemment par la Première ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley...