Des paysans expulsés pour des crédits carbone au Congo
Les agriculteurs et les populations autochtones sont sommés de quitter leurs terres pour laisser la place à un projet de plantation d'acacias de TotalEnergies. Des centaines d’agriculteurs ne peuvent plus cultiver leurs champs dans la localité de Ngo, située dans le département des Plateaux Batéké, à 250 kilomètres au nord de Brazzaville, en République du Congo. La raison de leur expulsion : le groupe pétrolier TotalEnergies veut y créer une plantation d'acacias et ainsi obtenir une compensation carbone. 40.000 hectares de terres, une superficie environ quatre fois plus grande que la ville de Paris, est prévue pour accueillir des millions de plants d’acacias. Le projet titanesque est censé séquestrer à terme plus de dix millions de tonnes de CO2. Depuis novembre 2021, les populations locales ne peuvent donc plus accéder au site, à l’image de Joachim Malipalabié, père de cinq enfants, qui cultive le manioc depuis plus de 20 ans dans la zone...
Près de 500 agriculteurs ont leurs champs dans la zone occupée par le projet de plantation d’acacias. Ils sont pour la plupart des pygmées, une population autochtone et des semi-nomades venus des localités avoisinantes de Ngo. Aujourd’hui, ils disent avoir perdu presque tous leurs moyens de subsistance...
Dans un précédent communiqué...la multinationale française affirme que "des évaluations sont en cours pour finaliser la cartographie des acteurs et proposer des mesures qui leur permettront d'être co-bénéficiaires du projet." Le communiqué du groupe précise aussi que tous les champs de manioc du site sont restés intacts et que tous les acteurs historiquement présents sur le site (allusion faite aux autochtones) sont en cours d'identification et se verront proposer des alternatives, notamment des terres aménagées ou d'autres assainissements appropriés à définir avec eux...une délégation de TotalEnergies était ainsi le 2 février 2023 à Ngo pour démarrer un dialogue avec les cultivateurs.