Le projet de directive de l'UE sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité risque d'impacter le secteur du cacao en Afrique, selon un analyste
"Devoir de vigilance : l’impact du projet de directive de l’UE en Afrique", 1er mars 2022
C’est une belle avancée saluée par les organisations de défense de l’environnement. L’Union européenne (UE) est favorable au devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité. Le projet de directive validée récemment par la Commission européenne a pour objectif de favoriser un comportement durable et responsable des entreprises tout au long des chaînes de valeur mondiales.
« Si certaines multinationales européennes jouent déjà un rôle de premier plan dans les pratiques d’entreprise durables, nombre d’entre elles sont encore confrontées à des difficultés pour comprendre et améliorer leur empreinte environnementale et leur bilan en matière de droits de l’homme. En raison de la complexité des chaînes de valeur mondiales, il est particulièrement difficile pour les entreprises d’obtenir des informations fiables sur les activités de leurs fournisseurs », indique Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur.
Ces dernières années, de nombreuses multinationales ont été pointées du doigt pour leur rôle, celui de leurs filiales ou fournisseurs dans des affaires de violation des droits de l’homme et de destruction de l’environnement. La compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell qui a été condamnée il y a un an par le tribunal de La Haye au Pays-Bas, pour pollution pétrolière dans 13 villages nigérians situés dans le delta du fleuve Niger. Si une telle condamnation de la part d’une justice européenne reste exceptionnelle, elle a sans doute contribué à la validation de la nouvelle directive sur le devoir de vigilance.
La nouvelle directive de l’UE concerne essentiellement trois catégories d’entreprises...
Si cette nouvelle politique est fortement approuvée par les organisations de défense des droits humains et de l’environnement, elle inquiète dans certains pays africains, à l’instar de la Côte d’Ivoire. Ce pays d’Afrique est le premier pays producteur mondial de cacao...
Problème, cette filière est pointée du doigt pour sa responsabilité dans le déclin de la forêt ivoirienne. En 60 ans en effet, la Côte d’Ivoire a perdu 90 % de son couvert forestier...Pourtant, parmi les principaux exportateurs de cacao ivoirien figurent des multinationales européennes...[telles que] Touton, Sucres et Denrées (Sucden) ou encore la belgo-suisse Barry Callebaut. Le cacao ivoirien risque de perdre...
« C’est vrai que notre forêt a été impactée par la culture du café et du cacao. Mais il y a aussi les effets du changement climatique. Dire aujourd’hui que notre cacao est issu de la déforestation n’est pas réaliste. Il n’y a pas de culture industrielle de cacao en Côte d’Ivoire, c’est surtout le fait de petits exploitants agricoles. L’État fait même des efforts pour planter des arbres dans les cacaoyers », assure Kobenan Kouassi Adjoumani, le ministre ivoirien de l’Agriculture. Ce responsable appelle plutôt l’UE à inciter ses multinationales à investir dans la transformation local du cacao afin d’assurer un « revenu décent » aux exploitants agricoles.