Province du Passore : Sur les traces des scolaires qui désertent les classes au profit des sites d’orpaillage
La lutte contre la présence des enfants sur les sites miniers n’est pas gagnée d’office dans la province du Passoré en particulier, et dans la région du Nord en général. Malgré moult sensibilisations des ONG et associations, certains enfants attirés par le mythe de l’or, le désir de luxe, s’adonnent à l’orpaillage aux conséquences pourtant désastreuses. Le cas des scolaires de Bouda...auquel nous nous sommes particulièrement intéressé, est alarmant...A notre arrivée sur le site, le spectacle qui s’offrait à nous était impressionnant et émouvant : tout autour de la colline, des élèves tiraient à l’aide d’une corde sur une manivelle entre deux poteaux en fer bien fixés, des sacs pleins d’agrégats. D’autres enfants nous ont accueilli, cigarette en main. A peine cinq minutes après, le « tout-petit » âgé de 17 ans environ...ressortait d’un trou, le corps tout blanc de poussière...une cohorte ramassait des agrégats à l’aide de sacs et de pelles pour remplir la moto-taxi servant de moyen de transport vers les marigots pour le débourbage...une fille accompagnée de ses frères, tous des élèves de CE1 à l’école de Pèlegtenga, munis de plats de toutes sortes, lavaient des agrégats ramassés aux abords. Tout ce beau monde...a pollué la petite rivière servant jadis d’abreuvoir...« J’ai abandonné les classes au 3e trimestre pour chercher de l’argent quand j’étais en classe de 5e au lycée provincial de Yako en 2016 », nous confie Boubacar Ouédraogo, accompagné de ses trois camarades, tous élèves d’ailleurs au lycée Bao-Bangré de Yako, venus pour l’aider à travailler dans son trou. Comme Eric et Séni, élèves en classe de CM2 à l’école de Douré, un village de la zone, ils sont nombreux ceux qui ont abandonné les classes au profit du site d’orpaillage, dans l’espoir de faire fortune... « Nous sommes conscients des risques et des conséquences du travail des enfants sur les sites d’or, mais nous n’avons pas le choix », a indiqué une dame du village de Nagsénin..la fréquentation des sites aurifères engendre des conséquences néfastes sur la santé et entraîne la consommation de la drogue, la prostitution, le banditisme, la délinquance juvénile et même la mort. Selon d’autres spécialistes de l’éducation, il y a risque que les élèves en question, pour avoir pris goût à l’argent facile, ne reprennent pas le chemin des classes à la rentrée.
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