Compensation carbone : tout sauf neutre !
...Le présent rapport participe de cet effort pour réaliser la justice climatique. Il décrypte les logiques à l’œuvre dans les politiques de compensation carbone mises en place pour
atteindre la neutralité carbone. Il alerte sur les menaces que font peser des choix politiques et économiques d’acteurs publics et privés au Nord sur les droits humains de populations au Sud. Il identifie les responsabilités et formule des pistes pour une transition écologique juste et solidaire...
La neutralité carbone implique un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et l’absorption du carbone de l’atmosphère par les puits de carbone6. Atteindre des émis-
sions nettes passe ainsi par deux leviers : d’une part, réduire une partie des émissions à la source et d’autre part compenser les autres par la séquestration du carbone. Mais, comme
aucune répartition claire entre les deux n’a été définie, les entreprises, quel que soit leur secteur (banques, agro-alimentaire, énergies fossiles...) se sont emparées du
concept de neutralité, en misant essentiellement sur la compensation carbone...
Neutralité et compensation carbone offrent aux entreprises qui les placent au cœur de leur plan climat plusieurs avantages.
En premier lieu celui de laisser croire à une prise de conscience de leur part et la mise en œuvre d’actions pour atténuer les impacts générés. Dans les faits, c’est un leurre
puisque la compensation ne permet pas de neutraliser les émissions de gaz à effet de serre... Autre bénéfice, de la compensation pour les entreprises, celui de verdir largement leur communication, en particulier auprès des citoyens de plus en plus sensibles aux questions environnementales et climatiques et de les déculpabiliser...