Afrique: L'accaparement des terres est une menace à la fois pour le développement et la sécurité alimentaire du continent, selon des observateurs
"La course aux terres agricoles, une bombe à retardement en Afrique", 12 août 2019
L'achat massif de terres agricoles en Afrique par certaines puissances étrangères constitue une menace à la fois pour le développement et la sécurité alimentaire des régions concernées...Des agriculteurs locaux acquièrent ainsi des terres dont ils sont par la suite dépossédés, les puissances étrangères remettant de plus en plus en cause la propriété foncière par les Africains en Afrique...Yabg Haomin, le président de Shaanxi Farm Agribusiness Corporation, une société agricole provinciale de Chine, a mis pieds au Cameroun pour la première fois en décembre 2015...Quatre ans plus tard, en 2019, on estime à 125 mille hectares de terres agricoles occupées par la chine au Cameroun.
Jean Ferdinand Pierre Ebong, consultant financier parle d’accaparement de terre à des fins agricoles : "Ce genre de démarche par les chinois est dangereuse pour les Camerounais. Ce secteur étant dormant, ceux qui ont les moyens financiers, entre guillemets, s’accaparent les terres. C’est avec désolation que je crie au scandale !"..."Un Camerounais ne peut pas aller acheter les terres en Chine pour produire le riz là-bas, ce n’est pas possible. S’ils produisaient et que c’était au bénéfice des Camerounais, ce serait encore plausible. C’est-à-dire 70% restent au Cameroun, et 30 % à la Chine."...
Mais pour Charles Sielenou, expert agricole et fondateur d’Action Sociale Africaine qui opère dans l’agriculture, la santé et l’éducation, il n’y a pas de quoi s’en prendre à la chine. Car la Chine, avec moins d’un million d’hectares de terres agricoles en Afrique, arrive loin derrière les grands acquéreurs terriens sur le continent, que sont les Emirats arabes unis (1,9 million d’hectares), l’Inde (1,8 million d’hectares), le Royaume-Uni (1,5), les USA (1,4), et l’Afrique du Sud (1,3)..."Pour moi, les terres africaines, c’est notre bombe atomique à nous. C’est notre arme de dissuasion. Nous serons plus de deux milliards en 2050. Le monde aura des problèmes pour se nourrir. Nous avons l’essentiel des terres agricoles non encore mises en exploitation. Mais nous pouvons nous saisir de cette opportunité pour peser dans le rapport de forces géostratégiques..." [soutient-il].