Face aux coupures internet arbitraires, un camp de «réfugiés web» au Cameroun
Suite aux contestations antigouvernementales qui ont agité le Cameroun en janvier dernier, les régions anglophones du pays sont toujours privées de réseau internet. Afin de contourner la censure, les entreprises ont créé un « camp de réfugiés internet anglophone »...« Couper leWeb en représailles », quitte à casser une économie en plein essor, c'est hélas ! une pratique courante dans de nombreux pays du continent, indiquait encore récemment Julie Owono, responsable du bureau Afrique de l’ONG Internet sans frontières...« Pour nous, aujourd'hui, les ennemis de cet Internet en Afrique, ce sont les gouvernements », confiait-elle. « Aujourd'hui sur le continent africain, de nombreux gouvernements décident de manière discrétionnaire et arbitraire de couper le réseau internet pendant une heure, deux heures voire 24 heures, voire des semaines. Donc forcément, sans Internet, pas d'économie numérique, pas d'accès aux services qui sont proposés en ligne », expliquait Mme Owono, ajoutant que le fait de couper l'accès au réseau à des millions de citoyens va à l'encontre du développement...La conséquence de cette censure du Web, qui perdure dans les régions anglophones du Cameroun, c'est en effet que certains entrepreneurs sont au bord de la faillite...Mais quand on n’a plus de connexion, on peut toujours avoir des idées. Comme délocaliser les entreprises en manque de Web. Surnommé avec beaucoup d’humour le « camp de réfugiés internet anglophone », un lieu d’accueil a ainsi été installé dans la localité de New Bonako...« Enfin, nous avons Internet ! », « on peut se connecter comme on veut et travailler », témoignent les jeunes patrons sur leurs pages Facebook. Une douzaine de personnes représentant six entreprises surfent aujourd’hui presque normalement au camp des réfugiés de l’Internet...