Kosovo : TikTok au centre d'une enquête judiciaire suite à un challenge incitant des adolescentes à l’automutilation
" «C’est comme un jeu pour les filles de 9 à 17 ans» : au Kosovo, des familles accusent TikTok d'avoir poussé des adolescentes à s'auto-mutiler" 10 Novembre 2024
En décrochant son téléphone le 8 octobre, Eranda Kumnova-Baci, inspectrice scolaire au Kosovo, pensait devoir résoudre un problème courant. Et pas découvrir que des dizaines d'adolescentes de sa ville se mutilaient pour, selon elles, participer à un challenge TikTok. «Une mère m'a appelé pour me dire que sa fille, une élève de cinquième, s'était auto-mutilée avec ses amies en participant à un challenge TikTok», décrit à l'AFP l'inspectrice de Gjakova, 80.000 habitants, dans le sud-ouest du Kosovo. Elle demande aussitôt d'enquêter à tous les professeurs, responsables pédagogiques et psychologues scolaires. Ils ont recensé 22 cas d'automutilation en quelques semaines chez les adolescentes de la ville. Les premiers remontent au mois de janvier. [...]
TikTok, l'un des réseaux sociaux les plus populaires au monde avec 1,5 milliard d'utilisateurs, a fondé une partie de son succès sur les «challenges», des campagnes invitant les utilisateurs à créer des vidéos en reproduisant quelque chose. Selon la mère d'une des victimes, des enfants de 9 ans à peine ont pris part au challenge après être tombés sur des vidéos sur TikTok. [...]
Officiellement, TikTok interdit les vidéos faisant l'apologie de l'automutilation ou du suicide, et la plateforme est interdite aux enfants de moins de 13 ans. «Nous n'autorisons pas la diffusion, la promotion ou le partage de plans de suicide ou d'automutilation», indique TikTok sur son site Web. Mais cela fait des années qu'experts, chercheurs, médecins et parents mettent en garde contre l'effet des réseaux sociaux sur la santé mentale de leurs utilisateurs - en particulier les plus jeunes. Addiction, harcèlement, manque d'estime de soi... les risques sont connus. [...] La justice kosovare s'est saisie de l'affaire et a ouvert une enquête, a confirmé à l'AFP le porte-parole du bureau du procureur, Drin Domi. La police était autorisée à «prendre toutes les mesures» pour faire la lumière dans ce dossier, selon lui.