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Article

26 Nov 2024

Auteur:
Héritier Baraka, RFI

RDC: La société civile demande aux États et aux entreprises de prendre leur responsabilité face au groupe rebelle du M23 qui exploite illégalement le coltan des mines de Rubaya

"RDC: le Nord-Kivu perd le coltan des mines de Rubaya sous contrôle du M23", 26 novembre 2024

Au siège de Kivu Mineral Resources SARL, une des entreprises de Goma qui achète des minerais, l'ambiance n'est pas au rendez-vous. Le chiffre d'affaires de l’entreprise est en baisse à cause des problèmes d’approvisionnement. « Nous avons perdu principalement dans le territoire de Masisi - Rubaya, Ngungu...Toutes ces localités produisent énormément de coltan [colombite-tantalite, NDLR]. Mais pour le coltan, on ne reçoit presque plus rien. On peut faire facilement 30 tonnes du coltan par mois. Maintenant si vous prenez le coltan à partir du Maniema, sur tout un mois, vous pouvez recevoir seulement trois tonnes. » [explique Yvette Mwanza, la directrice générale de l’entreprise]...

La prise de Rubaya par le M23 affecte plus de 6 000 creuseurs artisanaux qui se retrouvent sans emploi, selon la coopérative des creuseurs miniers artisanaux de Masisi. Beaucoup de creuseurs ont fui, ce qui inquiète également l’ONU. « Au Nord-Kivu, la consolidation du contrôle administratif du M23 sur les territoires de Masisi et Rutshuru au Nord-Kivu lui a permis d'établir un contrôle total sur la production de coltan, a souligné Bintou Keita, la cheffe de la Monusco...Le commerce en provenance de la région de Rubaya, qui selon les estimations fournit plus de 15 % de la production mondiale de tantale, génère environ 300 000 dollars par mois pour le groupe armé. Cette situation est profondément préoccupante et doit cesser. »

Dans ce contexte, les États et les entreprises doivent prendre leur responsabilité selon la société civile. « Toutes ces guerres que nous vivons sont alimentées par l'exploitation minière, souligne Alexis Muhima, leader du groupe thématique Mines et Hydrocarbures au sein de la société civile du Nord-Kivu. Et donc, pour nous, si tous ces États et entreprises qui s'approvisionnent en minerais dans cette zone respectent le devoir de diligence, cela va couper tout lien entre l'approvisionnement de ces groupes armés en minerai illicite. »

Le M23-AFC, en mai dernier, avait annoncé interdire à ses hommes d’accéder aux sites miniers. Cependant, plusieurs membres de la société civile dénoncent le trafic de minerais, qui seraient ensuite exportés illégalement vers le Rwanda et l'Ouganda.