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Article

21 Jul 2024

Auteur:
Jean Charles Biyo'o Ella, BBC

Cameroun: L'abandon des sites miniers impacte significativement la santé, la sécurité et le bien-être des populations locales

" Comment les sites miniers abandonnés du Cameroun font des victimes" 21 juillet 2024

En cette matinée du 23 aout 2022, Philomène vient pour la première fois assister à l’audience au palais de Justice de Batouri à 400 km de Yaoundé. L’affaire enrôlée oppose plusieurs familles d’enfants décédés dans une mine orpheline, appartenant à une entreprise chinoise. Autour de leur avocat Maître Dieudonné Tedjissi pour une dernière concertation, le collectif des victimes affine sa stratégie. Mais ce jour-là, l’audience sera expéditive. Juste quelques minutes et l’affaire est renvoyée.

Selon l'avocat, " l'entreprise Mencheng Mining et Madame Madame Wanzu Ping sont poursuivies pour activité dangereuse, violation des clauses du cahier de charge. Pourquoi violation du cahier de charge, c'est parceque l'entreprise n'a pas refermé les sites après exploitation comme le dit le cahier de charge. Au contraire elle a laissé les sites ouverts, ce qui a attiré les artisans".

En effet, en mai 2021, dans un trou minier exploité et abandonné, des orpailleurs avaient trouvé la mort par éboulement.

Contacté par BBC Afrique, l'avocat de l'entreprise chinoise Menchen dit "ne rien à faire avec la presse dans des procédures judiciaires. Ce que nous pensons, c'est qu'une procédure est déjà pendante devant les juridictions. C'est le tribunal qui va trancher. Et à propos des allégations, c'est devant le tribunal que ça va se savoir.. C'est au tribunal de se prononcer dessus. pour le reste, je n'ai rien à dire". [...]

« J’ai perdu mon fils unique Rodrigue. Il avait 24 ans. J’étais à la maison dans la nuit, on est venu m’appeler me disant que la terre s’est refermée sur mon fils. Je suis arrivée sur les lieux et j’ai trouvé qu’il était déjà mort », raconte Philomène. Une déchirure pour la sexagénaire. « Mon fils était tout pour moi. C’est lui qui m’aidait à faire des petits travaux. Aujourd’hui, j’ai à ma charge deux orphelins, ses deux enfants. Je pleure chaque soir en voyant les enfants de son âge. Je n’arrive pas à supporter ce choc », soupire-t-elle toute larmoyante.

Cette nuit-là, parmi les corps retirés dans l’amas de terre, se trouvait celui du neuve d’Amadou. Le commerçant de nationalité centrafricaine s’est installé dans la ville de Batouri à l’Est du Cameroun depuis une dizaine d’années. Il raconte pourtant avoir passé la journée au marché avec son fils. C’était leurs derniers moments d’échanges. « J’avais interdit à mes enfants de ne jamais se rendre dans ce chantier minier. Tellement la zone est accidentée. Malheureusement, vers minuit, il a été embarqué par ses amis parce que les chinois dit-on, avaient permis aux riverains ce soir-là, de descendre dans la mine pour creuser manuellement, dans l’espoir de trouver des pépites d’or. C’est ce qu’ils appellent dans ce chantier le ‘‘sassaillé’’. Sauf que le trou dans lequel ils sont descendus n’était pas le bon. La terre était extrêmement mouillée, le sol fragile. En creusant sur les bords, la terre s’est affaissée sur eux. Nous avons retiré le corps, et il a été inhumé le lendemain». Amadou se dit très affecté depuis la disparition de ce neveu qu’il considérait au même titre que son fils biologique. « Sa mort me touche énormément. C’était l’enfant que mon frère ainé m’avait confié en 2013 pendant la guerre en RCA. Nous avons fui pour nous réfugier de l’autre côté de la frontière ici au Cameroun. Mais derrière nous, son père resté au pays a trouvé la mort. Je peux dire qu’il a déjà rejoint son père » lance-t-il tout abasourdi. [...]

L’activité minière menace aussi l’élevage à l’Est du Cameroun. Pour la seule année 2023, Abdoulaye, déclare avoir perdu 5 bœufs soit par consommation des eaux souillées des mines ; soit après être noyés ou tombés dans un trou. Un manque à gagner estimé par l’eleveur à plus d’ 1 million 500 mille fcfa. « Lorsque le berger conduit les bœufs au pâturage, il arrive généralement que certains trous soient déjà couvert d’herbes. Et en voulant paitre, l’animal tombe dans les trous. S’il n’est pas trop profond, le berger descend pour le sortir de là. Mais lorsqu’il est rempli d’eau, et que le risque de noyade est élevé, il est obligé d’abandonner le bœuf », témoigne Abdoulaye. Il poursuit, « si le berger s’est trompé de piste et que les bœufs se sont dispersés, il arrive que d’autres se perdent noyés dans ces grands lacs, sans que nous ne les retrouvions ».

Bien plus, la non-restauration des sites dits orphelins, a entrainé dans la localité de Batouri, des conflits entre agriculteurs et éleveurs, obligés de côtoyer des mêmes espaces verts. Confrontés à la même réalité, les bergers parcours de longues distances avec leurs troupeaux. Et c’est sur ce chemin en quête de pâturage, que les animaux détruisent les biens des agriculteurs.