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Article

26 Nov 2024

Auteur:
Didier Makal, Mongabay

RDC: Un défenseur de l'environnement qui dénonçait l'exploitation illégale du bois rouge condamné par la justice

"Un défenseur des forêts prend 6 mois de prison en RDC ; l’exploitation illégale continue", 25 novembre 2024

Le 18 novembre 2024, 40 planches de bois de grande taille ont été saisies par la police dans le territoire de Kabambare...pour exploitation sans documents administratifs requis. Trois mois plus tard, ce ne sont pas les bûcherons qui ont été sanctionnés, mais Yahya Mirambo Bin Lubangi, l’un des défenseurs de l’environnement qui a dénoncé l’abattage illégal de bois, a été condamné à 6 mois de prison et à une amende de 10 millions de francs congolais (soit 3 500 USD).

« Je n’ai fait que dénoncer et les autorités ont arrêté leurs produits. Toutes leurs accusations contre moi sont fausses », explique Mirambo, joint au téléphone par Mongabay.

L’accusation dont le responsable est désigné uniquement par son prénom « Moïse » avait réclamé 50 000 USD à titre de dommages subis pour imputations dommageables, saisie d’une cargaison de bois par la police nationale, et menace de mort sur Moïse laquelle est imputée à Mirambo...

Mirambo, 61 ans , travaille pour la Société Civile environnementale et Agro Rurale du Congo (SOCEARUCO), une ONG qui a dénoncé l’exploitation abusive du bois. Il a dénoncé les coupes à blanc dans les forêts de Wamaza, dans le territoire de Kabambare, en province du Maniema, concernent notamment le bois rouge (Pterocarpus tinctorius)...

Pour le président de la SOCEARUCO, Josué Aruna, la condamnation de sa collègue par le tribunal de grande instance de Kasongo est injuste. « Il ne devait que prononcer ce jugement, parce que il y a déjà des suspicions de corruption », déclare le président de l’ONG.

Aruna, qui revient de la COP 16 sur la biodiversité, déplore que le tribunal ait choisi ce moment pour condamner un défenseur de l’environnement qui n’a fait que son travail. « Pendant que le monde est en train de réfléchir sur la question d’intégration de l’écocide parmi les crimes internationaux, on est en train de nous condamner parce que nous défendons la cause commune, la cause de l’humanité ».

Mirambo n’a pas répondu à une audience du 18 octobre où les juges l’attendaient. « J’étais souffrant, explique-t-il. Je ne pouvais pas me présenter à l’audience. Mon avocat s’y est présenté avec une procuration spéciale et une attestation médicale », explique Mirambo. Mais le tribunal n’a pas accédé à la sollicitation de la défense...

Me Gabriel Bulongo, avocat de Mirambo déplore que le premier juge ait a refusé d’accorder la chance à son client de se présenter devant lui après la séance du 18 octobre...Le 7 novembre 2024, l’avocat de Mirambo a déposé un recours : une opposition au jugement, devant le même tribunal...

Aruna pense que les exploitants de bois à Kabambare bénéficient du soutien de certaines autorités congolaises, personnes qu’il ne cite tout de même pas...

Quant à Yahya Mirambo, il vit caché depuis sa condamnation, dans la peur des représailles des exploitants. Selon Mirambo, ces derniers auraient chargé des miliciens Mayi-Mayi de s’attaquer à lui. « Le problème que j’observe c’est l’implication de certaines autorités qui opèrent dans le noir, derrière les exploitants. Il y a des députés, des ministres et un officier [de l’armée] de haut rang. Ma condamnation, c’est pour me faire taire et me déstabiliser. Je suis en insécurité », assure Mirambo.

Pour le responsable de l’ONG pour laquelle il travaille, Aruna, « Mirambo et son équipe sont en insécurité totale ». Il en appelle à l’implication du ministre de la justice pour protéger les défenseurs de l’environnement dans la région...

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