S. Lamqaddam : « L’enjeu du procès Yves Rocher est de faire reconnaître la responsabilité des multinationales » !
En 2018, les salariés de Flormar, des ouvrières pour l’écrasante majorité, sont en colère car ils et elles n’ont pas été augmentés depuis 15 ans. Ils et elles souhaitent ouvrir des négociations collectives, ce qui est impossible sans représentant du personnel. Les ouvrières se rapprochent donc du syndicat Petrol-Iş,très identifié en Turquie. Pour pouvoir négocier avec l’entreprise, celui-ci doit représenter un minimum de 40 % des effectifs, le seuil requis par le droit turc pour être reconnu comme représentatif et pouvoir négocier une convention collective avec l’employeur. Une campagne d’adhésion au syndicat est lancée en vue d’aller chercher de meilleures conditions salariales. Elle donnera lieu à une vague de répression syndicale...
Le 7 mars 2019, Flormar annonce son intention de faire une proposition d’indemnisation aux personnes injustement licenciées. Nous sommes en colère de voir Yves Rocher instrumentaliser la date du 8 mars pour sa stratégie de communication alors qu’on est face à des abus systématiques à l’encontre des femmes travailleuses. Les indemnités sont faibles : dans le meilleur des cas, elles correspondent au minimum légal pour les licenciements abusifs en Turquie. Néanmoins, après ces indemnisations, la mobilisation retombe un peu. Avec Sherpa et Petrol-Iş, nous nous coordonnons pour imaginer une action en justice qui puisse rendre véritablement justice aux personnes licenciées. Nous nous appuyons sur les témoignages récoltés en Turquie pour étudier la base d’une mise en demeure sur la loi sur le devoir de vigilance...
Le groupe Rocher a réagi à notre assignation le 24 mars 2020 par voie de presse. Il a qualifié la grève des ouvrières de « situation sociale » qui ne le concernait pas, et a précisé qu’il renouvelait son soutien au groupe Flormar...