Bangladesh : L'industrie textile rebondit mais ses ouvriers demeurent dans une grande précarité
"Bangladesh: l'industrie textile a rebondi, mais ses ouvriers déchantent", 9 janvier 2025
Dans cette usine de la banlieue de la capitale Dacca, les ouvriers débitent à la chaîne des pantalons de randonnée destinés aux marchés européen ou nord-américain.
Mais le vacarme de leurs machines peine à couvrir leur frustration. "Nous sommes exploités comme avant", résume Khatun, une ouvrière de 24 ans qui n'a donné que son prénom par crainte de perdre son emploi.
Les employés du deuxième plus grand pays exportateur mondial de vêtements -- après la Chine -- ont joué un rôle important lors des manifestations qui ont provoqué la fuite pour l'Inde de Sheikh Hasina en août.
Très ralentie par l'agitation politique, l'activité du secteur textile a tardé à reprendre...
Un grand nombre d'ateliers de confection ont fermé la porte et des dizaines de milliers d'emplois ont été supprimées. En octobre, l'Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh (BGMEA) a annoncé 400 millions de dollars (388 millions d'euros) de pertes.
L'accord prévoyant une hausse de 5% des salaires a mis fin au conflit en septembre et permis au secteur de rebondir...
Khatun s'est d'abord félicitée de la hausse de son salaire, avant de déchanter. Ses patrons lui ont fixé des "objectifs de production presque inatteignables", dénonce-t-elle...
Après la chute de Sheikh Hasina, plusieurs usines textiles dont les propriétaires étaient jugés proches de l'ex-cheffe du gouvernement ont été endommagées par représailles. Et certains de leurs patrons arrêtés.
La plupart ont rouvert leurs portes mais certaines offrent désormais à leurs employés des conditions pires qu'avant. "Nous n'avons pas été payés à temps après l'arrestation du propriétaire", raconte Rana, un ouvrier ayant requis l'anonymat.
"Aujourd'hui, ils m'offrent la moitié de mon salaire de base, soit entre 60 et 70 dollars", ajoute-t-il...
Taslima Akhter, de l'organisation Solidarité des travailleurs de l'habillement du Bangladesh (BGWS), l'a également constaté. Les ouvriers "peinent à maintenir un niveau de vie minimum", confirme-t-elle.
"Les patrons (...) doivent apprendre à mieux négocier avec les acheteurs internationaux", recommande Mme Akhter...