Canada: Les activités de Glencore identifiées comme source de pollution au Nickel, le gouvernment exige des mesures efficaces, avec co. de l'entreprise
" Comment Québec a épinglé Glencore" 25 octobre
Le gouvernement du Québec a longtemps affirmé ne pas pouvoir établir de lien entre les activités de transbordement de la société minière Glencore dans la capitale et les concentrations importantes de nickel détectées dans l’air. L’État assure maintenant qu’« une relation existe » entre les deux. Une ordonnance contenant une série d’exigences a même été rendue.
Pour comprendre la question de la présence de nickel dans l’air de Québec, il faut comprendre le chemin qu’emprunte ce minerai dans les différentes installations de Glencore. Le concentré de nickel est transporté par une route jusqu’au port de Baie Déception, tout au nord du Québec. Il est ensuite chargé à bord du navire MV Arvik I, en direction de Québec. Ce navire fait huit expéditions par année, déchargeant au total environ 240 000 tonnes de minerai de nickel dans la capitale, selon des informations révélées par le ministère de l’Environnement dans une ordonnance rendue lundi contre l’entreprise. Le concentré de nickel est déchargé au port de Québec. Le minerai est ensuite entreposé dans un grand dôme blanc, puis transporté par train dans des wagons-trémies couverts, jusqu’à la fonderie de Sudbury, en Ontario. Le concentré de nickel est transformé en matte, laquelle est chargée dans des trains et renvoyée à Québec. La matte est déchargée à Québec et ensuite rechargée dans des bateaux à destination de la raffinerie de Nikkelverk, à Kristiansand. Environ 22 navires de matte quittent le port de Québec à destination de la Norvège chaque année. La matte est transformée en produit fini à la raffinerie de Nikkelverk. Le nickel est notamment utilisé pour fabriquer de l’acier inoxydable, mais est aussi très demandé pour les batteries de voitures électriques.
Depuis des années, la station d’échantillonnage du ministère de l’Environnement située dans le secteur du Vieux-Limoilou observe sporadiquement des quantités inquiétantes de nickel dans l’air. Le gouvernement Legault a modifié en 2022 la limite permise pour les particules dans l’air, à la demande de Glencore et d’autres acteurs de l’industrie. La norme est passée de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) quotidiennement. Malgré cet assouplissement, plusieurs dépassements ont été constatés dans les dernières années. La station du Vieux-Limoilou a par exemple détecté une concentration de 171 ng/m3 le 16 novembre 2023.
L’entreprise arrive aux mêmes conclusions, s’il faut en croire l’ordonnance. « Glencore reconnaît également qu’il existe une corrélation entre les activités de chargement et de déchargement de navires et les concentrations de nickel à la station Québec-Vieux-Limoilou. » La société dit dans un courriel à La Presse analyser l’ordonnance. « Nous y répondrons publiquement dans les prochains jours, une fois son analyse complétée », indique une porte-parole de Glencore.