Deux ans après une attaque au Mozambique, TotalEnergies visé par une plainte au pénal
Le groupe pétrolier français est accusé de ne pas avoir assuré la sécurité de ses sous-traitants sur son projet gazier de Cabo Delgado lors de l’attaque orchestrée par l’État islamique à Palma, en mars 2021. Plus de 1 400 personnes sont mortes ou disparues, dont 55 sous-traitants, selon un journaliste indépendant...
Sept survivants ou familles de victimes de la sanglante attaque jihadiste de l’État islamique (EI, Daesh en arabe) à Palma (Mozambique), le 24 mars 2021, ont déposé plainte pour « homicide involontaire et non-assistance à personne en danger » contre TotalEnergies, qui menait alors le méga-projet gazier Mozambique LNG dans la région.
Le groupe pétrolier français, qui s’appelait encore Total à l’époque, est accusé d’une série de négligences et de ne pas avoir assuré la sécurité de ses sous-traitants, a expliqué Me Henri Thulliez, avocat des plaignants. Ces derniers sont trois survivants et quatre ayants-droit de deux victimes. Ils sont de nationalités sud-africaine et britannique...
Il s’agit de la deuxième plainte au pénal visant le géant pétrolier français en quelques jours. Le 2 octobre, quatre associations de défense de l’environnement ont déposé plainte contre le groupe et son projet pétrolier Eacop en Tanzanie et en Ouganda pour « climaticide ». Le groupe est accusé d’atteintes involontaires à l’intégrité de la personne, destruction, dégradation ou détérioration d’un bien appartenant à autrui de nature à créer un danger pour les personnes, et homicide involontaire.
TotalEnergies rejette de son côté toute responsabilité et affirme avoir tout mis en œuvre pour permettre de porter secours au personnel présent sur le site. L’attaque de Palma avait duré plusieurs jours et fait un nombre encore indéterminé de victimes à ce jour dans la population locale et parmi les sous-traitants de TotalEnergies.
Maputo n’a fourni qu’un bilan d’une trentaine de victimes, mais selon un journaliste indépendant, Alexander Perry, qui a enquêté pendant cinq mois à Palma entre novembre 2022 et mars 2023, le bilan s’élève à 1.402 civils décédés ou disparus, dont 55 sous-traitants. Plusieurs d’entre eux s’étaient réfugiés dans un hôtel à la sortie de la ville, l’Amarula Lodge, qui fut assiégé plusieurs jours par les jihadistes. Au moins sept personnes ont été tuées en tentant de s’enfuir en convoi...
Les plaignants accusent Total d’« avoir fait preuve de négligence en matière d’évaluation des risques, en contradiction avec les déclarations publiques à l’époque de Patrick Pouyanné qui avait assuré que la sécurité était la priorité de Total », a expliqué Me Thulliez...