Matières premières, le manque d’ambition du Conseil fédéral
…Le négoce des matières premières a explosé en Suisse ces dix dernières années. Ce secteur génère désormais 3,6% du produit intérieur brut, emploie 10 000 personnes au sein de 570 sociétés. Pas étonnant dès lors qu’il s’invite dans l’agenda politique.
Le Conseil fédéral a pris position vendredi sur l’initiative populaire «Entreprises responsables». Porté par 80 ONG et un large panel de personnalités, ce texte veut contraindre légalement les entreprises à assumer leur responsabilité sociale et environnementale ici comme à l’étranger. En toile de fond, une cible: le négoce des matières premières justement, dont le boom des affaires s’est malheureusement accompagné d’une multiplication de scandales. Travail d’enfants dans des mines, corruption en lien avec le marché du pétrole, expropriation de terres, etc…
… le Conseil fédéral avait le choix entre deux attitudes. Se ranger derrière l’initiative et en faire un argument sur la scène internationale, en plaçant la Suisse dans le rôle d’un Etat précurseur. Protéger aussi les entreprises qui jouent le jeu éthique. Ou alors ne pas légiférer dans un univers ultra-concurrentiel et éviter ainsi que ces entreprises, très mobiles, aillent s’établir sous d’autres cieux aux lois plus clémentes. Le Conseil fédéral a choisi la seconde option. Il aurait pu opter pour la voix médiane, celle d’un contre-projet…