Cameroun: Face à de nouvelles accusations d’abus sexuels et d'accaparement de terres par sa filiale, Socfin s'explique
"Socfin face à de nouvelles accusations d’abus sexuels et de conflits fonciers avec les communautés au Cameroun", 10 mars 2025
Un peu partout, au Cameroun, où la holding luxembourgeoise Société financière des caoutchoucs (Socfin) exploite plus de 58 000 hectares de plantations de palmier à huile et d’hévéa, à travers ses filiales Socapalm (Société camerounaise de palmeraies) et Safacam (Société africaine forestière et agricole du Cameroun), la cohabitation avec les communautés riveraines de ses plantations, n’est pas un long fleuve tranquille. Une série de rapports...révèlent des faits d’accaparement des terres villageoises, des abus sexuels et l’occupation de sites sacrés dans les plantations de la Socapalm...
Dans le village Apouh à Ngog près d’Edéa, les femmes...ne lâchent pas du lest. Elles sont déterminées à récupérer [leurs] terres à la Socapalm. Cela fait plusieurs années déjà, qu’elles s’opposent fermement au renouvellement de la plantation...Le 17 février 2025, elles ont adressé une lettre ouverte aux sociétés Socapalm, Socfinaf et Socfin, dans lesquelles Bolloré détient des participations, pour revendiquer « l’accès à leurs terres coutumières pour se nourrir »...
[La]...porte-parole des femmes riveraines des plantations de la Socapalm, a dit à Mongabay...que « la Socapalm refuse de rétrocéder [leurs] terres »...Nous allons continuer à mener nos revendications jusqu’à ce que les terres, que nous exigeons, nous soient rétrocédées ».
...un avenant du bail emphytéotique qui lie l’État du Cameroun à la Socapalm, prévoit que 3 712 hectares (9 172 acres) de terres...soient rétrocédés aux collectivités d’Edéa. Mais le processus de rétrocession qui a débuté en 2020 est « toujours en cours »...
...Socfin s’est expliquée au sujet de ses multiples conflits fonciers au Cameroun : « Par un avenant du 30 août 2005 au bail initial du 30 juin 2000, 20 466 hectares ont été retirés de la concession de la Socapalm (initialement 78 529 ha). Ces terres ne sont donc plus louées, ni exploitées, ni occupées par la Socapalm. La rétrocession de ces terres, prévue par cet avenant, relève entièrement de la responsabilité du propriétaire de ces terrains, à savoir l’État camerounais »...
Les investigations...ont également confirmé les allégations d’abus sexuels sur les femmes employées de la société, ainsi que sur les femmes riveraines des plantations. Un cas de viol sur une mineure, fille d’un travailleur contractuel, par un autre travailleur contractuel, vivant dans le camp des travailleurs de la Socapalm à Edéa, tout comme des cas de violences physiques et sexuelles perpétrées par des employés de la société sur les femmes riveraines à cette même plantation, ont été documentés...Les atteintes graves aux mœurs sont légion dans les plantations de Socfin au Cameroun et en Afrique...
Pour faire face aux dénonciations d’atteinte aux droits humains dans ses plantations en Afrique, Socfin assure qu’elle a initié la mise en œuvre de mesures correctives, contenues dans des plans d’action spécifiques aux problèmes rencontrés dans chaque plantation, visant à corriger ses manquements sur des échéanciers bien définis. « Le Groupe Socfin, via ses filiales, a intensifié ses actions de sensibilisation et de prévention, avec la mise en place et le renforcement des comités genre, la mise en place de différents canaux dont une hotline gratuite anonyme et d’un accompagnement psychologique des victimes. Des sanctions strictes sont appliquées en cas d’abus avérés », explique le groupe dans sa réponse à Mongabay.
Socfin procède trimestriellement à une évaluation de ces plans d’action publiés sur son site internet, pour en mesurer la mise en œuvre des mesures correctives....
Il a dit à Mongabay au téléphone : « En ce qui concerne la rétrocession des terres, la libération des espaces vitaux et la restauration des sites sacrés, il n’y a pas d’avancées. Au contraire, Socapalm utilise ses gros moyens pour bloquer les démarches des communautés auprès des administrations ». « Nos cours d’eau sont toujours pollués avec des eaux usées des usines à la couleur jaunâtre (…). Le comité genre ne concerne que les ouvriers de la Socapalm, alors que les principales victimes sont les riveraines. Elle nous parle de mécanisme de gestion des plaintes, pourtant elle est juge et partie », déplore ce leader communautaire...[Se réfère à Bolloré, BNP Paribas, HSBC].