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Artigo

19 Out 2018

Author:
Louis-Nino Kansoun, Agence écofin (Suisse)

L’artisanat minier, source de crimes économiques au Burkina Faso, au Mali et au Niger

Plusieurs pays en Afrique de l’Ouest tirent une grande part de leurs recettes publiques de leurs ressources naturelles, y compris l’or...l’orpaillage (souvent clandestin et illégal) prend de l’ampleur depuis quelques années. Entre les pertes de l’ordre de milliards de dollars et les risques de violation des droits humains, le phénomène est un véritable casse-tête pour les dirigeants...Selon un rapport de l’OCDE...la production aurifère artisanale et à petite-échelle cumulée du Mali, du Burkina Faso et du Niger serait entre 15 et 85 tonnes, une estimation probable situant ce chiffre à environ 50 tonnes par an, soit un volume qui représente plus de 50% de la production industrielle légalement enregistrée pour l’année 2017...L’étude...indique qu’au cours moyen de l’or, en 2017, cette production, dont la très grande majorité est exportée illégalement, représentait une valeur de 2,02 milliards de dollars. Si le Niger est plus connu pour ses grandes ressources d’uranium, l’or constitue le principal moteur des exportations et l’un des piliers des économies du Mali et du Burkina Faso...Par ailleurs, selon des estimations récentes, plus d'un million de personnes seraient directement employées par l’exploitation artisanale et à petite échelle au Mali (400 000), Niger (450 000) et Burkina Faso (200 000) et 6 100 000 personnes en dépendraient au moins partiellement, sur une population cumulée dans les trois pays de près de 60 millions d’habitants...l’activité est un nid à problèmes. «Les risques de corruption, fausses déclarations, blanchiment d’argent et non-paiement des taxes, ainsi que le développement de pratiques contraires aux droits humains, comme le travail des enfants, la prostitution et les violences sexuelles, ainsi que le travail forcé, figurent parmi les vulnérabilités observées dans le secteur», souligne le rapport...le nombre d’enfants sur les sites d’orpaillage au Burkina Faso, Niger et Mali, dépasserait les 100 000 individus...Cette activité a également des impacts néfastes sur l’environnement, notamment la pollution....«Des réflexions devraient être menées avec les acteurs du secteur financier au niveau régional pour apporter des réponses constructives aux limites d’un système bancaire qui pousse les acteurs extérieurs au secteur minier à subventionner la production illégale et informelle d’or pour répondre à leurs propres défis de financement opérationnel», recommande l’organisation.