Madagascar: La filière aurifère toujours gangrénée par les trafics malgré le guichet unique d'exportation, selon la société civile
"Lutte contre le trafic d'or à Madagascar: quel premier bilan pour le guichet unique d'exportation?", 18 décembre 2024
Douze kilos d’or ont été exportés légalement via le guichet unique depuis février, selon le ministère des Mines malgache, qui estime par ailleurs qu'une tonne d’or sort clandestinement de Madagascar chaque mois.
Cette quantité d'or dérisoire vendue via le guichet unique s'explique notamment, selon le ministère des Mines, par le maintien jusqu'en août dernier d'un droit d'accise sur ce métal précieux...
Si le guichet unique d'exportation n'a attiré que peu de vendeurs jusqu'à présent, il constitue toutefois un outil précieux dans la lutte contre les trafics illicites, selon Ernest Lainkana Zafivanona, directeur général des douanes de Madagascar.
« Parce qu'il allège les procédures, je pense que le guichet unique devrait être incitatif pour les personnes qui veulent exporter de l'or », défend-t-il. « Et il y a aussi des moyens qui vont être beaucoup plus répressifs. C'est toujours coûteux quand on se fait attraper, car on perd la totalité de l'or, c’est-à-dire que l’or qui circule en contrebande est systématiquement saisi par l’État. Les dispositifs de contrôle qu’on met en place vont pousser les personnes à rentrer dans les voies légales », promet-il.
En exportant l'or illégalement, les contrebandiers cherchent avant tout à éviter le rapatriement de devises à Madagascar...
Clément Rabenandrasana, coordonnateur national de l'Organisation de la société civile sur les industries extractives, salue la mise en place de ce guichet unique. Il s'agit d'un premier pas dans l'assainissement de la filière, mais il reste beaucoup à faire, selon lui.
« Il y a des autorités, des personnes influentes qui sont derrière les trafiquants. Faire preuve de volonté politique, c’est lutter contre la corruption dans le secteur aurifère. Donc il faut identifier les auteurs de tous les trafics et les sanctionner, appliquer sévèrement la loi », assure-t-il.
D'après lui, tous les maillons de la chaîne de valeur nécessitent un encadrement bien plus ferme, pas seulement l'exportation. Clément Rabenandrasana plaide par exemple pour une fonte locale de l'or, au plus près des mines artisanales, afin de mieux tracer les stocks dès le début de la chaîne...