"Ces entreprises françaises qui continuent à faire des profits en Russie", 23 février 2023

Un an après le début de l’offensive de Vladimir Poutine en Ukraine,... les entreprises occidentales sont pour la majorité d’entre elles toujours présentes en Russie. D’après une récente étude..., seules 8,5% des entreprises de l’Union européenne et des pays du G7 possédant des participations dans des filiales russes avant le début de la guerre avaient commencé à s’en retirer en novembre 2022.

Les auteurs de l’étude montrent que ce sont les entreprises ...qui avaient le moins à perdre, qui se retirent de Russie. ...Ces départs ne sont d’ailleurs pas toujours définitifs. L’étude signale que « certaines entreprises occidentales ont inséré des clauses de rachat (buy-back en anglais) dans les contrats de cession de leurs filiales russes ».

...Seules neuf entreprises d’origine française ...auraient véritablement désinvesti, soit à peine 11 % de celles qui ont des filiales en Russie. Dit autrement, 89 % n’ont pas désinvesti de leurs filiales russes. Ni l’Élysée, ni Bercy ne leur ont donné consigne de quitter la Russie.

Leroy Merlin, plus grosse entreprise étrangère sur le territoire russe... (5,8 milliards d’euros et 20 % de son chiffre d’affaires... en 2021), a ainsi été accusée de vouloir profiter du retrait de Russie de certains de ses concurrents... Bonduelle, pour lequel la Russie représente 5 % de son chiffre d’affaires..., a été accusé de participer à l’effort de guerre russe après avoir fourni des conserves de légumes aux soldats russes qui combattent les troupes ukrainiennes. Bonduelle a démenti, sans convaincre...Dans une enquête récemment publiée,...Auchan a contribué à une collecte de produits destinés à l’armée de Vladimir Poutine. Des produits Leroy-Merlin apparaissent également dans ces collectes. Le chef de la diplomatie ukrainienne... a accusé Auchan d’être devenu une « arme à part entière de l’agression russe ».

...[L]e groupe Auchan a démenti...Auchan, Leroy-Merlin, Danone, Lactalis ou Bonduelle : ils prétendent rester en Russie pour nourrir la société civile russe et protéger l’emploi de leurs salariés, mais se révèlent incapables de garantir que leurs produits et leurs activités ne profitent pas également aux soldats russes et ne financent pas l’effort de guerre du Kremlin...

...Cette contradiction pourrait encore s’accentuer. La « mobilisation partielle » du pays décrétée par Vladimir Poutine en septembre 2022 prévoit déjà que les entreprises installées en Russie puissent fournir « des bâtiments, des structures, des communications, des parcelles de terrain, des moyens de transport et d’autres moyens matériels conformément aux plans de mobilisation ».

Pour justifier leur présence en Russie, certains groupes comme Danone ou Air Liquide évoquent les difficultés rencontrées pour céder leurs filiales et se désengager...Ainsi, la Société générale a vendu sa filiale Rosbank à l’oligarque Vladimir Potanine et Renault la sienne à l’État russe, avec de lourdes pertes, respectivement évaluées à 3,2 et 2,3 milliards d’euros. ...C’est aussi la voie choisie par TotalEnergies. ...Sans que cela ne l’empêche de percevoir environ 1,5 milliard de dollars de dividendes « russes » provenant directement de ses participations dans l’entreprise russe Novatek... et dans ...Yamal LNG en Sibérie. Des dividendes « tâchés de sang » que Kyiv réclame pour reconstruire l’Ukraine...