Massacres au Mozambique: un rapport pointe la responsabilité de TotalEnergies qui rejette les accusations
"Tous doivent être décapités - Révélations sur les atrocités commises dans le bastion africain de Totalenergies", 26 septembre 2024
Ces mêmes villageois avaient été pris entre les feux croisés de l’armée mozambicaine et des combattants affiliés à l’Etat islamique. Après avoir fui leurs maisons, ils étaient allés chercher la protection des soldats du gouvernement. Au lieu de cela, ils ont trouvé la violence.
Les soldats ont accusé les villageois d’avoir participé à l’insurrection. Ils ont séparé les hommes — un groupe de 180 à 250 personnes — de leurs femmes et de leurs enfants. Puis ils les ont entassés dans les deux conteneurs situés de part et d’autre de l’entrée, les frappant à coups de pied et de crosse.
Les soldats ont détenus ces hommes pendant trois mois. Ils les ont battus, affamés, torturés puis finalement exécutés. Finalement, seuls 26 prisonniers ont survécu.
En discutant avec des survivants et des témoins et en faisant du porte-à-porte, j’ai pu reconstituer un récit détaillé des atrocités perpétrées au cours de l’été 2021 par un commando mozambicain, dirigé par un officier qui disait avoir pour mission de protéger “le projet de Total”.
La nouvelle du massacre ne peut qu’ajouter aux airs de désastre qui entourent désormais un projet qui — avec le développement d’un second champ gazier par ExxonMobil — a été présenté comme le plus gros investissement privé jamais réalisé en Afrique, avec un coût total de près de 50 milliards de dollars.
La construction de la concession gazière est interrompue depuis 2021, date à laquelle les rebelles islamistes ont envahi la région, massacrant plus de 1000 personnes. La justice française a déjà ouvert une enquête sur la gestion de TotalEnergies à la suite de la mort de sous-traitants lors de cette attaque.
Ce second bain de sang, que nous révélons, a été perpétré non pas par des islamistes mais par une unité militaire mozambicaine opérant à partir de la guérite de TotalEnergies.
L’alliance de la major pétrolière avec l’armée mozambicaine soulève inévitablement des questions...
Pour évaluer à quel point l’entreprise est exposée, deux questions sont primordiales : TotalEnergies savait-elle qu’elle travaillait avec des tortionnaires et des tueurs ? Savait-elle — ou aurait-elle dû savoir — que des atrocités avaient été commises dans ses conteneurs ?
En réponse à un résumé détaillé de cet article, Maxime Rabilloud, directeur général de Mozambique LNG, la filiale de TotalEnergies dans le pays, a déclaré que son entreprise n’avait “aucune connaissance des événements présumés décrits” ni “aucune information indiquant que de tels événements ont eu lieu”.
Il a également déclaré que la société n’était pas présente sur le terrain au moment des meurtres, ayant confié le site aux forces de sécurité mozambicaines. “Néanmoins, étant donné la gravité des allégations, nous prenons votre message très au sérieux”, a-t-il ajouté...