RDC: L’industrie numérique alimente les conflits et la violation des droits humains, selon un analyste
"RD Congo : l’industrie numérique alimente les conflits et la violation des droits humains", 16 novembre 2024
L’extraction minière ne contribue pas seulement aux conflits en RDC, elle les détermine et en est à l’origine. La guerre qui a débuté en RDC en 1996, toujours en cours 28 ans après, a été financée par l’industrie extractive, en l’occurrence les multinationales minières nord-américaines, canadiennes en tête...
Et c’est l’informatisation du monde, à la source de cette ruée minière sur le Congo, qui a déclenché un cycle de violences et d’instabilités, de convoitises et d’intérêts divers et variés, renouvelé à chaque innovation technologique (smartphone en 2007, tablette en 2010, 5G et voiture électrique aujourd’hui).
Le RDC répond effectivement à l’informatisation du monde des années 1990-2000 de par l’abondance et la diversité minéralogique de son sous-sol, notamment ceux qualifiés de “minerais de sang” : le coltan (tantale) qui sert à la fabrication des condensateurs, la cassitérite (étain) aux soudures des circuits électroniques (et qui contribue avec l’indium à rendre les écrans tactiles), le wolfram (tungstène) utilisé pour la sonnerie et le vibreur, l’or pour les circuits imprimés. A cela, il faut ajouter le cuivre pour les câbles, le germanium pour la technologie wifi, le cobalt et le lithium pour les batteries des téléphones et ordinateurs portables ainsi que pour les voitures électriques...sans RDC, pas d’iPad ni de Switch, pas de vélo électrique ni de Tesla. Les entrepreneurs et milliardaires Bill Gates et Elon Musk n’existeraient pas...
L’extraction minière est par nature destructrice. Elle est considérée comme la plus polluante, la plus criminelle et la plus meurtrière bien qu’elle passe sous les radars médiatiques. Les violations multiples et répétées de tous les droits (droit international humanitaire, droits du travail, droits des enfants, droits des femmes, droits environnementaux) s’observent, à différents degrés, partout dans le monde où existe l’extraction minière...
La RDC, de par son exceptionnalité géologique, en est l’exemple le plus tragique. Ce territoire cristallise une accumulation de crimes et une masse de violations équivalant à un nouveau stade de destructivité qui n’est autre que le nouveau stade technologique du capitalisme...
A cela, il faut ajouter des dizaines de milliers d’enfants meurtris dans les mines, des territoires entiers contaminés par l’activité minière, des forêts rasées, des cours d’eau intoxiqués aux métaux lourds, des rivières et lacs où la vie a disparu, faune et flore éradiquées. Trente ans de numérique dans le monde, c’est trente ans de morts congolais et de terres mortes en RDC sur lesquels repose le développement technologique...